Cap sur Ondes  

À la suite de la sortie de son premier EP L’amer, Ondes nous dévoile la naissance de son être artistique et les ébauches de son inspiration. Âgé de 23 ans, l’auteur-compositeur-interprète et pianiste bordelais joue avec les mots, les images et les allitérations à travers un univers musical envoûtant. Déferlement d’émotions, les morceaux nous immergent dans les abysses de son âme. Rencontre avec cet artiste…   

 

Crédit photo : Elsa Baudia

 

 

Résultat d’une collaboration avec Haritza Driollet, L’amer est la concrétisation de plusieurs années de travail. Oscillant entre pop et chanson française, votre premier EP est sorti le 30/09/2022. Depuis quand faites-vous de la musique ? Parlez-nous de votre parcours.  

Je fais de la musique depuis tout petit, j’ai commencé le piano quand j’avais 5 ans. J’ai chanté aussi dans une chorale au sein d’une école de musique à Libourne. Durant mon adolescence, j’ai commencé à composer de petites choses et j’aimais les jouer afin d’apaiser mon père lorsqu’il était couché sur le canapé. J’adore l’émotion que peut procurer la musique. J’ai intégré le lycée Camille Jullian pour sa spécialité musique, c’est là où j’ai vraiment voulu axer ma vie sur le travail de celle-ci, la comprendre et potentiellement en faire mon métier. J’ai fait la rencontre d’Alban qui, lui, écrivait des textes. J’étais admiratif de ses écrits puisque moi-même j’adorais les jeux de mots et le travail d’écriture. J’ai composé des musiques par rapport à ses écrits, il s’agit là de ma première collaboration. Après le baccalauréat, j’ai fait une année de musicologie avant d’intégrer la licence musiques actuelles, jazz et chanson. C’est là que j’ai rencontré la personne avec qui j’ai collaboré sur L’amer, Haritza Driollet. À la fin de ces trois années j’ai vraiment eu l’envie de créer mon EP. La chance que j’aie eu c’est que je donnais des cours de piano donc à la fin de mes études j’avais déjà quatre ou cinq élèves. J’en vis désormais et j’ai en parallèle mon projet musical.   

 

Ondes est votre nom de scène. Comment est-il né ?  

J’ai mis très longtemps à trouver un nom qui me convenait, environ trois ans. J’en cherchais un qui pouvait symboliser plusieurs choses. Ondes représente une force et en même temps une sensibilité, une fragilité, c’est une pluralité de sens qui se complètent. Il y a cette ambivalence qui est intéressante et que je voulais transmettre. Je suis aussi très attaché à l’eau. Je voulais créer un autre moi, plus artistique avec plein de métaphores. Ondes me caractérise alors parfaitement.  

 

À travers vos six titres, vous exprimez des émotions fortes ressenties après une rupture : désenchantement, solitude, tourments… Reflètent-ils vos états-d’âme ?  

Complètement. Je pense que nous commençons à écrire quand nous avons le besoin d’écrire, comme si l’écriture était une thérapie. J’ai posé des mots sur des choses qui tournaient en boucle dans ma tête, c’était devenu très nocif. Cet EP parle de la rupture sous divers angles et retrace mes émotions liées à celle-ci que ce soit l’amertume, le déni, la nostalgie. La chanson L’amer révèle mes regrets : quitter la personne et réaliser que c’était mieux avec elle. Lucide exprime ma lucidité face au déni lié à la rupture. À quel point nos moments étaient bons et à la fois malsains. Je termine l’EP par Infinissable où je dévoile mon envie de revivre à nouveau. Je n’ai pas voulu faire des chansons bateaux, sans mauvais jeux de mots (rires), je désirais créer un univers et une réflexion autour de chacune de mes chansons. 

 

Combien de temps avez-vous mis pour poser vos maux sur papier ?  

Cela dépend des chansons mais je les ai écrites assez rapidement et de façon plutôt fluide. Pour l’écriture d’Insomnie j’ai été très rapide mais j’ai fait une réécriture par-dessus. Il faut aussi le temps de poser le flow et n’ayant pas un passif de rappeur c’était parfois complexe. En revanche, L’amer je l’ai rédigé en moins d’une après-midi. Il s’agissait d’une envie subite de vouloir mettre des mots sur mes maux.   

 

L’univers marin figure à la fois dans votre nom de scène et dans vos textes. Pouvez-vous nous expliquer cette omniprésence ?  

J’ai une mère qui vient du Pays basque, j’ai donc grandi auprès de l’océan. Il représente pour moi une sorte de divinité. Son immensité et sa douceur m’inspirent énormément. L’océan est une ambivalence, il y réside une fragilité, une puissance et une poésie. Il y a tellement de choses à puiser dans cet univers : la brume, les vagues, l’écume etc. qui peuvent se rapprocher du tourbillon d’émotions que j’avais en moi.   

 

Vous n’étiez pas seul à travailler sur cet EP, pourquoi cette collaboration avec Haritza Driollet ?  

Haritza est un excellent musicien, il fait de la guitare, du piano, de la batterie et est arrangeur et compositeur. Je n’étais pas très fier de ma composition du titre L’amer et à ma demande, Haritza a refait les batteries, un peu la basse et je trouvais ça génial ! C’est comme ça que la collaboration a débuté. De-là, nous sommes devenus colocataires avec l’idée de faire de la musique tous les soirs. C’est à cette période que j’ai eu ma rupture. Il m’a fait écouter certaines de ses compositions et l’une d’elles m’a véritablement transcendé. Il fallait absolument que j’écrive dessus. Notre collaboration était si naturelle ! Haritza a ce côté très mathématique et cadré tandis que moi c’est le flux constant d’émotions.   

 

Si L’amer vous présente comme un navire échoué, est-ce que la prochaine vague vous emportera vers de nouveaux horizons musicaux ?  

J’ai écrit plein de nouvelles chansons. Si vous voulez les découvrir n’hésitez pas à me suivre sur mes réseaux sociaux, @ondesmusique, et à venir me voir en concert. J’ai envie de faire danser les gens et écrire sur des sujets plus optimistes même si cela n’est pas facile. Nous pouvons très vite tomber dans la naïveté. Je veux parler de choses qui me plaisent comme le rapport à son corps, le désir, les réseaux sociaux et au-delà j’ai essayé de me décentrer, d’écrire en dehors de moi. Désormais, je veux parler de notre façon de vivre et de consommer cette vie. Je trouve cela intéressant car ce sont les nouveaux sujets de la société actuelle. En tant qu’artiste est-ce qu’on peut réussir à vivre sans les réseaux sociaux ? N’en sommes-nous pas dépendants ? Je n’en dévoile pas plus, peut-être que ce sera la prochaine chanson qui sortira…  

 

Propos recueillis par Elsa Baudia